Un temps fort dédié au dessin sous toutes ses formes

Phantasmagora 

Edito de Muriel Enjalran, directrice du Frac Sud - Cité de l’art contemporain


Le Frac Sud - Cité de l’art contemporain et le Château de Servières se retrouvent en 2023 autour d’un triple anniversaire. Alors que le Salon international du dessin contemporain PAREIDOLIE fête ses dix ans, le Fonds régional d’art contemporain célèbre son quarantième anniversaire et les dix ans de son bâtiment à la Joliette.

Et voilà dix ans que ces deux structures cheminent ensemble et se donnent rendez-vous tous les ans pour mettre à l’honneur le dessin contemporain. Elles s’emploient à mettre en lumière des artistes ; actualisant en permanence par la diversité de leurs recherches les approches de ce medium qui, il y a encore quelques années, existait peu pour lui-même.

C’est Pascal Neveux, mon prédécesseur qui inaugura et scella ce compagnonnage fructueux entre le salon et le Frac permettant de déployer des expositions d’artistes défendus à Pareidolie qui viendront souvent enrichir par la suite la collection du fonds caractérisée par un très bel ensemble autour du dessin contemporain.

Aujourd’hui le Frac possède près de 500 œuvres dans le champ du dessin reflétant la richesse des pratiques des artistes en la matière en France et à l’étranger.

Il suffit de se retourner sur la liste des artistes exposés au Frac ou qui ont rejoint sa collection pour mesurer l’apport du salon Pareidolie à la visibilité des scènes artistiques du dessin contemporain, aux côtés des grandes foires et salons parisiens :

Victoire Barbot, Cathryn Boch, Nicolas Daubanes, Edi Dubien, Anne-Valérie Gasc, Renée Levi, Keita Mori, Olivier Nattes, Jean-Christophe Norman, Charlotte Pringuey-Cessac, Karine Rougier, Ilana Salama Ortar, Alain Séchas, Michèle Sylvander, Julien Tibéri, Cristof Yvoré.

Cette année pour fêter cet anniversaire, c’est le Frac qui est invité à exposer au Château de Servières pour le salon. Les œuvres de quatre artistes femmes de sa collection liées à l’histoire de Pareidolie y dialogueront. Ainsi les cartes marseillaises de peaux suturées de Cathryn Boch rencontreront les délicates traces urbaines au bord de l’effacement d’Ilana Salama Ortar. Toutes deux sont imprégnées des ruptures, des cicatrices que laissent nos vies et nos drames collectifs dans nos environnements urbains. Les dessins quotidiens de Michèle Sylvander où le rêve se mêle au fantasme croisant les dessins surréalistes et enchanteurs de Karine Rougier, se donnent à voir comme des fantasmagories de l’intime où l’on vient se ressourcer et se réfugier.

Quatre expressions sur papier d’artistes de différentes générations et de divers horizons qui nous donnent à voir des œuvres à la fois puissantes et généreuses.

Le terme « salon » choisi plutôt que foire dit l’élégance de ce rendez-vous artistique et le type d’expérience que souhaitent offrir ses fondatrices aux galeristes, artistes et visiteurs en privilégiant une proximité avec les œuvres, une facilité des échanges, contribuant ainsi par l’accessibilité de certaines pièces à former à Marseille et dans sa région de nouveaux collectionneurs

Si le processus paréidolien consiste à interpréter, donner du sens et reconnaitre des formes dans l’informe, PAREIDOLIE pour sûr a contribué à redessiner, souligner les contours d’un médium qui occupe une place très importante dans l’art contemporain. Au cœur de ses enjeux et en expansion, il se donne à voir aussi bien en deux qu’en trois dimensions, pour bientôt nous faire envisager une quatrième dimension nous projetant dans un futur artistique des plus stimulant !